Lion-fontaine de la cour d’honneur de la villa gallo-romaine d’Anthée

(Ier-) IIe siècle PCN

Pierre d’Euville (Meuse, France)

76cm – L. 84cm – P. 35cm

Musée archéologique de Namur

Propriété de la Société archéologique de Namur

Classé le 9 juin 2017

Lion

copyright : © AWaP

Cette statue représentant un lion a été découverte dans la villa du Grand Bon Dieu à Anthée (Onhaye), lors des fouilles menées entre 1863 et 1872 par le chanoine Charles Grosjean pour la Société archéologique de Namur. Cette résidence aristocratique rurale appartient au type de la grande villa à pavillons multiples alignés, caractéristique des provinces gauloises. D’une superficie de 12ha dans son dernier état, son corps de logis a été revêtu, probablement au cours du IIe siècle après J.-C., d’un décor architectonique luxueux en marbres et calcaires marbriers belges. Un réseau hydraulique sous pression y approvisionnait au moins deux suites thermales et des jeux d’eau extérieurs, dont faisait partie la statue-fontaine.

L’œuvre représente un lion en ronde-bosse, tête relevée et arrière-train dressé. Elle est traversée par un conduit naissant sous le torse et aboutissant à la gueule. La crinière, les pattes griffues et la queue enroulée autour de la cheville sont particulièrement bien rendues. Le matériau choisi est la pierre d’Euville, un calcaire jurassique extrait des côtes de Meuse en Lorraine française et essentiellement mis en œuvre dans les décors extérieurs. Le sujet s’inspire quant à lui de la conception symbolique du jardin dans le monde méditerranéen. L’image du lion en miroir avec l’eau fait écho aux crues régénératrices du Nil lors du passage sous le signe du lion, tel que décrit par Plutarque (Ier-IIe siècles après J.-C.). 

Si l’attitude de l’animal rappelle certaines productions funéraires des Ier et IIe siècles en Gaule et dans les Germanies, la forme trapue de son mufle et le traitement de sa crinière, divisée par une raie au-dessus du milieu du front, invitent à le rattacher stylistiquement à une série de sculptures funéraires d’Italie du Nord. Il n’existe aucun parallèle en cité des Tongres et aucun lion-fontaine de cette qualité dans les cités voisines. Dans la villa d’Anthée, ce lion accroupi était certainement destiné à animer le bassin d’agrément en pierre bleue de plan carré, aménagé devant la façade orientale du corps de logis, dans un jeu de contrastes blanc et noir très apprécié à la période romaine.

Attestant sa rareté et sa grande qualité d’exécution, le lion d’Anthée se distingue par son style raffiné, par l’homogénéité de son exécution et par son état de conservation. Ses dimensions et son attitude d’animal s’abreuvant achèvent d’en faire un unicum dans l’histoire de l’art antique de Gaule septentrionale.

 

Lion
Lion

copyright : CC BY 4.0 KIK-IRPA, Bruxelles, X132536, 38, 42, 45

Auteurs : Catherine Coquelet et Laurent Verslype.

Bibliographie : 

DEL MARMOL E., « Villa d’Anthée », dans Annales de la Société archéologique de Namur, 14, 1877, pp. 165-194 et 15, 1881, pp. 1-40.

DESSALES H., Le partage de l’eau. Fontaines et distribution hydraulique dans l’architecture domestique de l’Occident, Rome, 2013 (Bibliothèque de l’Ecole française de Rome, 351).

MARINI CALVANI M., « Leoni funerari romani in Italia », dans Bolletino d’arte, 6, 1980, pp. 7-14.

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