50 ans après la fouille de Pommerœul… Conférence sur les dernières données concernant les épées et les fourreaux du second âge du Fer
Les sites de Pommeroeul est bien connu pour son occupation romaine et ses bateaux. De nombreux objets de cette période sont visibles à l’Espace gallo-romain. Saviez-vous que le site a aussi délivré des objets plus anciens, notamment datés de l’Âge du Fer ?
Le 20 septembre à 15h, rendez-vous au musée pour en apprendre plus sur ces objets étonnants, dont une quinzaine de pièces d’armement. 7 épées sont retrouvées en bon état, non pliées, s’agit-il de témoins d’un dépôt rituel de l’époque ?
Cette conférence du Cercle Royal d’Histoire et d’Archéologie d’Ath et de sa région, exceptionnellement accueillie au musée sera présentée par Pierre-Benoit Gérard. En plus de fournir le contexte, le conférencier vous détaillera les spécificités techniques et ornementales de ces épées. Une conférence qui laissera la place au dialogue avec les objets.
Réalisée par le Service National des Fouilles en 1975 sous la responsabilité de François Hubert et Guy De Boe, la fouille de Pommerœul a permis la mise au jour de plusieurs objets attribuables à une certaine occupation du second âge du Fer précédant un dense établissement gallo-romain. Dans ce secteur, la faible altitude et le débit lent et sinueux de la Haine sont à l’origine de formations marécageuses. Le mobilier protohistorique provient, pour l’essentiel, d’alluvions déposées consécutivement au passage de l’ancien lit de ce cours d’eau qui file d’est en ouest pour se jeter dans l’Escaut. Ce mobilier se distingue par un taux relativement élevé de pièces d’armement, dont une bonne partie relève de La Tène finale. Les questions relatives à la présence de ces objets dans un tel contexte – « humide » – ont été récemment débattues (2019).
Nous avions proposé d’y reconnaître, au-delà de mobiliers résiduels issus de tombes perturbées par les aménagements gallo-romains postérieurs ou encore de simples pertes pouvant découler d’un haut lieu de fréquentation ou de passage, la conséquence de pratiques caractérisées par une gestuelle particulière en lien direct ou indirect avec l’élément aqueux. Ce phénomène n’est pas isolé puisque, en Europe, de telles pratiques ont déjà maintes fois été observées. De plus, la présence relativement rare d’armement – d’épées qui plus est – dans les contextes funéraires de Belgique et dans certaines régions limitrophes à cette période laissent à penser que les contextes à vocation cultuelle devaient, proportionnellement, davantage favoriser la gestuelle du dépôt de ce type d’objets. Dans les régions plus septentrionales (Pays-Bas mais aussi une grande partie de la Belgique), il semble que le dépôt sur « terre ferme » tende à se raréfier, devenant atypique et contrastant fortement avec les découvertes d’armements issues des grands sanctuaires du Nord de la France (e.a. Gournay-sur-Aronde, Ribemont-sur-Ancre).
Dans ces régions septentrionales, ce sont les contextes « humides » qui semblent désormais polariser le phénomène. Mais le territoire qui sera attribué aux Nerviens – et Pommerœul semble bien pouvoir bénéficier d’une situation centrale – ne semble toutefois pas entièrement participer à ce dernier constat, comme assis entre deux mondes, à l’interface de deux formes d’expression dont les finalités n’en demeurent peut-être pas moins semblables. C’est en tout cas ce que l’état actuel de la recherche permet de supposer, tout du moins pour la fin de la période laténienne. La reprise des fouilles en 2024, à l’initiative de l’équipe de l’Archéosite et Musée d’Aubechies-Beloeil, dans le secteur des dépôts de la fin du second âge du Fer du site proche de Blicquy Ville d’Anderlecht devrait, à ce titre, ouvrir de nouvelles perspectives.
Également, de nouvelles données permettent aujourd’hui de revenir sur des questions relatives au début du second âge du Fer à Pommerœul. Les rehauts décoratifs de couleur rouge présents sur l’un des fourreaux (LT A2) ont ainsi fait l’objet de nouvelles analyses (2024-2025) qui permettent désormais de certifier qu’il s’agit de verre opaque rouge. De quoi reposer la question des premières utilisations de cette matière et de ses supports privilégiés dans cette partie de l’Europe à La Tène ancienne…